Attentat à Arras : un enseignant tué.

(actualisé le ) par M. Lecomte

Vendredi 13 octobre 2023 vers 11 heures, un jeune homme, nommé Mohamed Mogouchkov, s’est introduit dans la cité scolaire Gambetta à Arras (dans le Pas-de-Calais, au Nord de la France). Armé d’un couteau, il a poignardé mortellement un enseignant de français nommé Dominique Bernard et a blessé un professeur d’EPS (M. David) qui a été blessé à la gorge et au visage en voulant s’interposer, tout comme M. Christian un agent d’entretien et M. Jacques Davoli, un responsable d’agent d’entretien, poignardé plusieurs fois au thorax. L’assaillant a été mis en garde à vue. Aucun des blessés n’a été entre la vie et la mort.

Qui est l’agresseur ?

Mohammed Mogouchkov est né en 2003 à Malgobek dans la République russe à majorité musulmane d’Ingouchie. Mohammed M. était en contact avec des individus radicalisés (processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme de violence). Comme il y a trois ans avec Samuel Paty, il a dit vouloir tuer un professeur d’Histoire-Géographie. Le frère de Mohammed Mogouchkov, Mosvar, est encore aujourd’hui en détention pour terrorisme.

Réaction du gouvernement.

« Nous nous doutions de quelque chose », sont les mots prononcés sur TF1 par le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Les policiers ont procédé jeudi, la veille de l’attentat, au contrôle de Mohammed M., pour vérifier qu’il n’avait pas d’armes sur lui. Cependant, ils n’ont rien trouvé.

Un hommage national dans les établissement scolaires.

Suite à l’assassinat d’un professeur de français le 13 octobre, l’État a organisé le lundi 16 octobre à 14heures, une minute de silence en son hommage. Tous les élèves des établissements français (collèges et lycées) ont commencé leurs cours aux alentours de 10h. Les deux premières heures ont été annulées pour que les professeurs et autres membres de l’Éducation Nationale puissent en discuter entre eux.

Pourquoi une minute de silence ?

La minute de silence est un symbole de respect et de commémoration laïc qui permet d’exprimer l’idée que les mots ne sont jamais à la hauteur des actes tragiques et/ou cruels causant la mort. Nous faisons une minute de silence pour respecter les personnes qui sont mortes par exemple dans des actes de terrorisme ou des catastrophes naturelles. Cet hommage est fait pour les morts qui ont travaillé pour la France, comme les militaires.
Les élèves qui n’ont pas respecté la minute de silence se sont fait sanctionner d’une expulsion de leur établissement (temporaire ou définitive) ou ils ont reçu un avertissement.

Élèves, professeurs et autres personnels choqués par la nouvelle.

Notre reportage dans la cour de récréation du collège.

Le jeudi 19 Octobre 2023, de 11h35 à 12h35, nous sommes partis en reportage interroger des élèves et le personnel de l’Éducation Nationale dans la cour de récréation. Nous leur avons posé des questions sur les sentiments que l’attentat avait provoqués chez eux.

Même si certains élèves avouent ne pas éprouver de sentiment de tristesse parce qu’ils ne connaissaient pas personnellement le professeur tué, une Assistante d’éducation (AED) et Inès (élève de 5ème) nous ont dit qu’elles avaient ressenti de la compassion pour la famille de la victime. Nail (aussi en 5ème) a trouvé que c’était inhumain l’acte du meurtrier, il l’a trouvé impardonnable. Cassandre (élève de 6ème) nous a dit que personne ne méritait de mourir dans des conditions aussi cruelles. Une élève de 5ème et une AED nous ont dit qu’elles appréhendaient un peu de venir au collège et qu’elles étaient un peu inquiètes ; une autre surveillante a dit qu’elle voulait rester sereine en venant travailler pour ne pas inquiéter les élèves.
Nous avons aussi interrogé Isabelle, l’agente d’accueil qui s’occupe d’ouvrir les portes d’entrée du collège, pour savoir si elle se méfiait plus des élèves après ce tragique évènement. Celle-ci nous a répondu qu’elle ne se méfiait pas des élèves du collège mais plus des personnes extérieures.

Enfin, nous avons recueilli le témoignage de personnes faisant partie du corps enseignant. Pour eux, l’attentat a été un choc, ils auraient sûrement fait pareil que le professeur qui a été assassiné, mais qu’ils ressentaient aussi de la résignation, de la frustration ; qu’ils avaient une impression de « déjà vu ». Nous pensons qu’ils faisaient référence à l’attentat de Samuel Paty qui s’est passé il y a 3 ans de cela.

Deux témoignages émouvants.

Notre interview de M. Del Vallé et Mme Breu

Nous avons également interviewé deux personnes qui travaillent au sein du collège pour avoir leur avis : M. Del Vallé, professeur de Mathématiques (le 19 octobre) et Mme Breu, l’adjointe de gestion (le 20 octobre).

« Est-ce que vous avez peur de retourner travailler depuis l’attentat d’Arras ? ». M. Del Vallé nous a répondu que non mais que chaque personne a une façon différente d’interpréter l’insécurité et que cela dépend du mental de la personne de se sentir ou ne pas se sentir en sécurité. Mme Breu nous a répondu qu’elle n’avait pas vraiment peur mais qu’il faut rester prudent et vigilant.

« Quels sentiments avez-vous ressentis en apprenant la mort de Dominique Bernard ? » M. Del Valle a ressenti « comme un battement de coeur » mais tout en restant concentré parce qu’il conduisait. Mme Breu a éprouvé de l’horreur car c’était une personne importante dans la société, c’était également un collègue pour elle. Elle était vraiment émue.

« Qu’avez-vous ressenti pendant la minute de silence ? » M. Del Valle a ressenti de la tristesse à propos de la personne morte. Mme Breu a ressenti beaucoup d’émotions tout en faisant la minute de silence et trouve que c’est un moment à partager et à vivre tous ensemble.

« D’après vous, quelles mesures doivent- être prises pour éviter un autre attentat de ce type ? » M . Del Vallé nous a répondu que « c’était politique », que « ce n’est pas son métier » et qu’il « ne maîtrise pas ce sujet ». Mme Breu, elle, au contraire, nous a plutôt expliqué ce qui est mis en place comme : le changement des codes pour les portails électriques (pour éviter que l’on s’introduise sans autorisation dans le collège), le contrôle aléatoire des sacs à l’entrée, des sirènes dans l’enceinte de l’établissement pour nous alerter quand il y a une intrusion, des exercices d’évacuation et de confinement... « Des événements de ce genre sont imprévisibles, cela peut arriver n’importe où, n’importe quand. Il faut communiquer, c’est une collaboration de tous les adultes de l’établissement et des élèves, pour éviter que cela se reproduise. »

« Qu’auriez-vous fait à la place du professeur ? » M. Del Vallé nous a dit qu’il n’en a aucune idée car cela n’a pas eu lieu au collège : « j’aurais utilisé peut-être mon instinct de survie... »

Pour finir...

Nous pouvons en conclure que l’acte héroïque de ce professeur, qui a malheureusement causé sa mort, a touché énormément de personnes car il a fait preuve d’un énorme courage. Son acte restera gravé dans nos mémoires.

Article rédigé par les équipes d’enquêteurs, de reporters et d’intervieweurs de la Classe Médias (4ème 7) du Collège G. Brassens : Leïla, Imane, Lina, Lilou, Gabriel, Soan, Matéo, Théophile, Mahdi, Adam, Effy, Jasmine, Viktoria, Naëla, Kenzi, Anis, Kahin, Eva, Emma, Mickaïl, Ismael, Abdramane, Raumane, Essama, Aïssatou et Marlon.

Dessins "Non à la barbarie", "Touche pas à mon prof" et "Je suis prof" réalisés par Lilou (élève de la Classe Médias).

Dessin "Hommage à Dominique Bernard" choisi par Adam (élève de la Classe Médias) et réalisé par le célèbre dessinateur de presse Plantu (dessin publié avec son aimable autorisation).

Sources : TF1INFO, BFMTV, FRANCE 24, FRANCE INFO, RTL, FRANCE BLEU, MIDI LIBRE, LE FIGARO, LE PARISIEN, 20 MINUTES, LIBERATION, REVOLUTION PERMANENTE, CAHIERS PEDAGOGIQUES, WIKIPEDIA.